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Aux quatre vents

3 février 2013

Chaleur

Aujourd'hui, j'ai coupé le feu.

C'est quelque chose en quoi je crois, depuis très jeune. Je sais que les coupeurs de feu existent, qu'ils barrent le feu. Plusieurs fois j'avais essayé, sur moi, sans résultat, et j'avais pensé que je n'avais pas ce don. Pourtant combien de fois ai je retenté ? Comme si quelque chose me poussait, encore et encore, à tenter. Il y a quelques semaines j'en ai parlé à mon Evidence, alors qu'on discutait des éléments qui sont nos sources. Il vient du feu, je suis une fille de l'eau.

 

Mon Evidence est un magnétiseur (amateur ! Combien de fois m'a t'il coupé mes migraines …). Peu avant mon opération il m'a magnétisé, justement, et je suis certaine lui devoir en partie les forces dont j'ai bénéficié et la facilité avec laquelle je me remet de l'intervention.

Bref, tout ça pour dire qu'il magnétise. La première fois qu'il s'est brûlé, il y a un an (oui, nous nous chauffons au bois, à présent. Donc il nous arrive de nous brûler), j'ai eu un flash et lui ai demandé s'il avait déjà tenter de se barrer le feu. Bien entendu il n'avait jamais testé. Il a essayé... Et a coupé le feu.

Deux fois par la suite, au moins, il s'est à nouveau cramé les mains et je lui ai rappelé qu'il pouvait lever la brûlure.

 

Cet après midi, rebelote ! Je lui dis donc tout naturellement de se foutre le doigt sous l'eau (il l'avait fait) et de barrer le feu. Il me sourit et me dit « t'as qu'à le faire ».

Gnourf... Il a eu alors cette phrase « Tu connais le feu, tu sais très bien ce qu'il fait, donc barre le ». Pour la petite digression, je connais effectivement les brûlures, ayant réussi à coller un de mes pieds dans un pot-au-feu bouillant (oui oui ! Vous lisez bien ….) : Brûlure entre le deuxième et le troisième degré, infirmière à domicile pendant dix jours pour pomper du liquide de l'énorme cloque sur mon pied, évocation d'une greffe de peau (ma peau a repoussé pile à ce moment là …).

Bref, effectivement, le feu, je connais.

 

Nous nous sommes assis dans le salon et j'ai placé ma main droite à quelques centimètres de sa main, la gauche soutenant sa paume. De manière très très étrange, j'ai senti la chaleur de sa brûlure (non, je ne suis pas folle ! Mais c'était bloquant) pile à l'endroit ou son doigt se trouvait par rapport à ma paume. Si je bougeais ma main, la chaleur se déplaçait, restant toujours pile à la verticale de son doigt. Tout au long de « l'experience » il me disait ce qu'il ressentait. Il a senti immédiatement la chaleur se dégageant de ma paume.

J'ai ensuite fait à l'instinct, puisqu'il ne pouvait pas me guider. Il fallait que je trouve « ma » méthode (pour lui il imagine une sorte de feu coulant dans ses veines, passant à l'autre. Je vous disais qu'il était un fils du feu ! Moi ça me parle pas du tout). J'ai visualisé une brume tombant de ma paume. Ma concentration était inégale mais je ne lui en ai pas parlé.

Première surprise quand il m'a dit qu'il sentait sa douleur faire des vagues, refluant puis revenant avec acuité !

Le fait de ne « rien faire » avec ma main gauche me dérangeait. Alors je l'ai visualisée en terre, le doigt de mon Evidence devenant comme un brasier incandescent entre la brume et la terre. La terre absorbait l'eau après que celle ci ait refroidi les braisesJe me concentrais dessus depuis quoi... trente seconde ? Quand...

Deuxième surprise. Il m'a dit qu'il se sentait bien mieux, que depuis le début il sentait comme une pression venant de ma main droite (la brume) et que celle ci avait disparue.

Dire que j'ai été surprise serait bien faible ! Peu à peu j'ai transformé ma « brume » en « pluie ». Dix minutes plus tard, il n'avait plus mal. Et ce soir il ne sent plus rien du tout, malgré la cloque qui avait commencé à se former (et qui s'est percée quasi tout de suite, sans que je la touche)

 

Moi ? J'ai juste ressenti le besoin de me passer la main droite sous l'eau et c'est tout.

 

Je ne saurai expliquer ce qui a changé. Est ce la conséquence logique du chemin que je suis ? Fallait il que je me centre ? Que la sérénité trouve une place en moi ?

Je me sens intensément vivante. Intensément heureuse. Monstrueusement forte.

 

Je suis rentrée chez moi quatre jours après l'opération. Mon Evidence m'a entouré de son amour, de son attention, de son sourire. Il m'a fait sentir précieuse, et a tout fait pour que je n'ai pas à forcer mon corps devenu fragile.

Très vite nous avons recommencé à faire l'amour, parce que je le voulais, parce qu'il le désirait. Et là aussi il n'a été qu'attention. Je crois que j'en ai pleuré de soulagement, la première fois. Mon corps fonctionnait ! Le désir, le plaisir, les sensations, rien n'avait été changé. Mes hormones en folie revenaient à la normal et je craignais que ça impacte ça aussi. Je sais à présent qu'il n'y a que les aspects négatifs qui vont se faire la malle.

Je n'ai plus qu'à profiter de la neige au dehors, de l’intérieur cosy de mon salon, du feu dans la cheminée et de la chaleur qui inonde mon existence.

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5 décembre 2012

En construction

Quand me suis je brisée ?

 

J'ai l'impression que ça remonte à ma petite enfance. Un Kinésiologue chez lequel je suis allée faire quelques séances m'a dit que ça remontait à avant ma naissance et je crois que c'est l'une des choses qu'il m'a dite et que j'ai accepté. J'ai arrêté très vite les séances avec lui parce qu'il bloquait ma douleur mais qu'elle ne disparaissait pas. J'avais l'impression qu'il créait un barrage en moi, retenant la douleur derrière. Je revenais buter dessus, encore et encore, et encore. Et encore : jusqu'à fissurer les fondations. Puis le barrage cédait et je me retrouvais en larmes, pendant des heures, incapable de m'arrêter.

 

J'ai su alors que je voulais guérir, vraiment, mais qu'il fallait que je trouve ma voie. Ma douleur était elle trop forte pour être traitée ainsi ?

Enfant, je disais que je me suiciderai avant mes vingt ans. C'est un souvenir très net que j'ai et cette idée de programmer ma mort fait quasiment parti de moi. Par la suite, au plus fort de ce que j'imagine être une dépression, l'idée du suicide était quotidienne. Cela me rassurait et me permettait de me lever puisque je savais que le jour ou ça serait insupportable, j'y mettrai fin. Si je n'avais pas eu cette certitude, je ne me serai pas levée.

Puis j'ai commencé à guérir. Il y a un an encore, je pense, j'aurai dis que je ne voulais plus me suicider, mais que je n'avais pas goût à la vie. Ma phrase était celle ci « si on me proposait de mourir, demain, je dirai oui ». C'est terrible, épuisant, de ne pas avoir plus de raison de vivre que de mourir. C'est ce que j'ai vécu pendant trente ans.

Et pourtant j'aurai pu parler de mes amis pendant des heures, avec chaleur, avec amour, vous dire combien ils sont beaux et précieux, combien je suis émerveillée d'être aimée par eux. Simplement même eux ne suffisaient pas.

 

Malgré cette impression que la vie n'avait pas vraiment d'importance, j'ai continué à me battre, à me réparer, morceau par morceau.

Et aujourd'hui je sais, je suis certaine, qu'à la question « veux tu mourir demain ? » je répondrai non. C'est déstabilisant et ça me fout une frousse pas possible, mais je répondrai non. Je sais que je suis là pour une raison, même si elle m'est inconnue. J'essaie d'apprendre à vivre sans avoir envie de mourir, et c'est assez nouveau pour moi. C'est présent depuis quelques mois déjà, mais c'est la première fois que je le pose en mots.

S'il ne me faut pas mentir, je dirai que je sais toujours comment me suicider, que j'ai toujours besoin de cette issue de secours. Je ne sais pas si c'est vraiment sain, mais c'est la certitude que j'ai toujours cette porte de sortie qui me permet, chaque jour, de gagner en sérénité.

Les voies sans issue m'ont toujours foutu une peur bleue, j'ai besoin d'avoir le choix, le contrôle. C'est ce qui donne de la valeur aux choses, non, qu'on les choisisse ?

 

Alors non, je ne suis pas entière. Je suis toujours cassée et j'ai la certitude que j'aurai toujours des cicatrices. Mais les cicatrices, sur un corps, dans un âme, c'est la preuve que la personne a vécu, qu'elle est tombée et qu'elle s'est relevée. C'est aussi la preuve que quelqu'un d'autre a pris la peine de soigner ses blessures, d'y mettre des points, de la panser.

 

Je n'ai plus envie de mourir, mais j'ai des centaines de peurs, de la simple appréhension à la phobie. J'ai peur des médecins, des hôpitaux, de la foule. J'ai peur des téléphones qui sonnent, de ceux que je dois décrocher, de réaliser des choses que je n'ai jamais faites. J'ai peur de l'inconnu. J'ai une part de moi persuadée d'être moins intelligente, plus lente à comprendre et j'ai la peur de me planter. Je n'entends pas très bien et j'ai peur de faire répéter, j'ai par dessus tout peur qu'on me juge.

Un engueulade avec ma mère me colle en crise de panique, bien que je sache qu'elle est malade et que, putain, ce n'est pas ma faute.

Je suis incapable de gérer une crise avec mon Evidence et de le laisser claquer une porte en disant « merde », même si je sais qu'il suffirait que je laisse passer une heure ou deux, qu'il ne va pas m'abandonner pour ça, qu'il m'aime toujours.

J'ai peur qu'on ne me trouve pas assez bien, qu'on m'abandonne, qu'on ne m'aime plus.

 

Cependant, tous les jours je travaille dessus, tous les jours j'apprends à me faire confiance, à m'aimer, à accepter d'être quelqu'un de bien.

J'ai toujours eu tellement peur qu'on m'abandonne que je n'ai jamais réalisé qu'une personne au moins ne m'abandonnerait jamais. Moi.

 

 

Tu ne peux pas voyager sur un chemin sans être toi même le chemin.

Bouddha

30 novembre 2012

Voyages interieurs

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J'ai beau chercher, je crois que rarement je me suis sentie aussi heureuse, aussi centrée. Certes, je suis en phase de repli, j'en ai conscience, mais ma chrysalide me permet de me transformer, encore et encore, de tendre vers celle que je saurai être, un jour.

Dans la journée, je dessine. Mon Evidence m' a offert un chevalet pour mon anniversaire, ainsi que des toiles. Il s'est rappelé de ce souhait, soufflé à mi voix il y a quelques années lorsque avoir une maison n'était qu'un rêve lointain. Je lui avais dis que, si j'avais la place, dans une maison, il me faudrait une chevalet. Je l'ai.

J'ai donc entamé une toile, qui risque de m'occuper plusieurs semaines. Je croque, je détaille, je m’émerveille de cette facilité qu'ont mes mains à retranscrire mille et un détail, elles qui savent être si maladroites dans la vie de tous les jours. Je lis aussi. Je bois du thé au coin du feu, alors que nous conversons sur l'important et l'essentiel. Ces temps ci je m'interroge sur mes croyances, mes non croyances, sur ce manque qui me met en colère moi qui ne crois pas aux dieux des hommes. Nous nous centrons sur les deux émotions racines, la peur et l'amour.

Mes peurs me bloquent, entraînent ma colère, m'empêchent d'avancer. Elles handicapent ma vie quotidienne et m'obligent à me battre pour me réaliser. Ce combat est fatiguant souvent et ne devrait pas avoir lieu d'être. L'amour, lui, me centre.

Nous faisons l'amour, aussi, souvent. Ses rires, ses sourires, ses caresses et sa tendresse me rendent intensément vivante, et désirable.

 

J'ai une tumeur importante sur une surrénale.

Pendant longtemps je me suis débattue contre lui, lui reprochant de ne pas me montrer qu'il avait peur pour moi. Je me suis rendue compte hier que je ne voulais pas de sa peur, qu'elle ne m'apporterait rien à moi qui ne vois pas en quoi la compassion ou la pitié pourraient m'aider. Derrière sa peur, ce que je cherchais, c'était un témoignage de son amour, un témoignage finalement malsain parce que je le voulais malheureux pour voir qu'il m'aimait.

Or, mon Evidence ne fonctionne pas comme ça. Il ne veut pas m'envoyer de la peur, qui pèserait sur mes épaules. Il m'envoie de la confiance. Il m'envoie sa présence constante, il dépasse ses propres peurs pour m'accompagner lors des examens, pour écouter les médecins parler de l'opération alors que la simple évocation d'une prise de sang suffit parfois à entraîner un malaise chez lui.

 

En janvier je me ferai opérer. Le chirurgien m'a dit que l'étude des tumeurs des surrénales, même sous microscope, ne permet en général pas de savoir si celles ci sont cancéreuses ou pas. Ma tumeur peut donc l'être. Ou pas. Il n'y a pour le moment pas de métastase, elle est encapsulée et n'envahit rien autour, l'opération permettra donc de la retirer totalement. Je serai ensuite suivie régulièrement, pendant trois ans. Si durant cette période je ne développe rien, c'est que la tumeur était bénigne.

 

J'ai confiance en mon corps, qui a filtré les symptômes pour m'avertir tout en me préservant des affectations les plus graves qu'auraient pu provoquer mes hormones déréglées (notamment le diabète, l'hypertension et l'affinement de mes vaisseaux sanguins).

J'ai la certitude absolue de ne pas être affectée par ce foutu crabe. Et grâce à mon Evidence, je ne me sens pas comme une malade, mais comme une femme désirable (bien que mes hormones en folies aient bien abîmé mon corps, mais tout rentrera dans l'ordre une fois l'opération effectuée)

 

Alors oui, je suis heureuse et je me sens chanceuse.

Nous parlons du voyage que nous ferons lorsque je serai rétablie ; au printemps prochain, ou au plus tard en été, nous serons au Pérou ! Je verrai El Machu Picchu, auquel je rêve depuis la classe de première.

Puis nous achèterons notre maison, enfin.

 

J'ai eu une phase de colère, je l'avoue en me disant « pourquoi moi ? J'ai pas assez morflé bordel ? » Et bien j'imagine qu'il me fallait cette souffrance pour avancer et, comme je le disais au départ, me centrer.

Je préfère à présent voir la partie pleine du verre et les chances qui me sont offertes, plutôt qu'être envieuse envers ce que je n'ai pas.

 

 

 

« Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. »

Lamartine

17 août 2012

Le point de départ et le voyage

« la famille dans laquelle vous êtes venu au monde n'est qu'un point de départ. Elle vous habille, vous nourrit et prends soin de vous jusqu'à ce que vous soyez prêt à entrer dans le monde. Et à trouver votre tribu »

 

Ces trois phrases sont tirées de Grey's anatomy, que j'ai décidé de regarder en entier, comme une thérapie contre ma peur. Elles ont raisonné à mon cœur, en accord parfait avec ce en quoi je crois. De la famille dans laquelle je suis venue au monde, il ne me reste que ma mère et ma sœur. Mon point de départ.

Et très vite c'est dans ma tribu que j'ai lancé toutes mes forces, toute ma foi et toutes mes espérances. Mon Confident est parti ce matin, et nous avons pu parler, longtemps, vraiment, comme il y a des années de cela. J'ai retrouvé sa droiture, ses mots sans fioritures, sa bienveillance à mon encontre et j'ai pu lui dire certaines choses, le remercier de certains gestes.

Il a été là à la mort de mon père, avec les trois autres, et il m'a dit qu'il n'avait jamais trouvé avoir fait quelque chose d'extraordinaire. Je lui ai répondu que bien évidemment, je n'ai jamais cru qu'il eusse pu le voir autrement. Et pourtant …

 

Nous avons parlé de la période ou je n'avais plus aucune assise solide, ou tout s'effondrait sous mes pieds. Déprime, dépression ? Je ne suis jamais allée voir personne pour poser les bons mots dessus. Dans ces sables mouvants je savais qu'ils étaient là, mes piliers, si j'avais besoin de tendre la main. On a parlé de ma rencontre avec mon Evidence, et mon Confident m'a dit que peut-être, à ce moment là, j'ai eu la chance de tomber sur la bonne personne. Celle qui allait plonger avec moi dans le bourbier pour m'en sortir.

Mon Evidence, qui était là, à dit à ce moment là que si je l'avais rencontré c'est sans doute que dans mon fort intérieur j'avais déjà décidé de m'en sortir et que c'est ce qui l'avait attiré dans ma vie, à ce moment précis. Dans le système de croyance de mon Evidence, on ne reçoit que ce que l'on demande. La peur de perdre entraîne la perte, le bonheur renvoie au bonheur …

Toujours est il qu'il m'a aimée, avec mes plaies béantes, avec mes sables mouvants qui empêchaient toute construction. Il a démoli ce qui restait à démolir, patiemment, minant les fondations pourries jusqu'à les faire exploser en cinq mots. « Pourquoi tu ne t'aimes pas ? » Ce jour là, j'ai pleuré jusqu'à la crise de nerfs, j'ai sangloté des heures dans ses bras, mise à nue, entièrement vulnérable, dépouillée de mes dernières fortifications. Et on a parlé, et on a asséché les sols traîtres. A chaque fois que je m'effondrais il me tirait de là, même s'il fatiguait, lui aussi. A t'il eu peur de ne jamais en voir le bout ? Il ne me l'a pas montré en ce cas. Pour cela et pour le reste, je l'aime plus que je ne pourrais jamais le dire. Est il venu au monde dans le but précis d'être là pour moi, placé sur le bord de ma route au moment ou j'allais dérailler ? Il est mon Evidence...

Aujourd'hui il me dit que si j'étais restée la même qu'à nos départs il serait parti. Mais il est toujours là, et j'ai construit des fondations solides. Je ne dis pas qu'elles ne bougent pas ! Je ne dis pas que mon jardin est exempt de tout marécage ! Un faux pas et je pourrais toujours me noyer, si je n'y prends pas garde. Mais j'essaie, un jour après l'autre, de consolider celle que je suis.

Etre centrée. Debout.

 

Et en ce centre de gravité, justement, je porte ma tribu, celle que j'ai construite, celle qui m'aime, malgré mes failles, malgré mes sables mouvants, celle en laquelle je continuais à croire lorsque je ne croyais plus en moi.

C'est ce que j'ai dis à mon Confident. Dans la vie, j'ai eu cette chance. Depuis l'enfance j'ai été entourée d'amis fidèles et sincères. Dans la nuit la plus noire ils ont toujours été mes phares. Lorsque tout n'était que noirceur, il me restait encore cette dernière chose, cette fois inébranlable en eux, mes amis, mes amours. Ils étaient la lumière, l'espoir, ceux qui m'aimaient alors que je ne m'aimais pas. Oui, je craignais qu'un jour ils me voient telle que je me voyais, et non la façade avec laquelle je pensais les abuser. Un jour, grâce à mon Evidence, je me suis rendue compte d'une chose : ma façade ne les avais jamais abusés, ils aimaient celle qui était derrière. Avec ses failles et ses sentiments trop grands pour elle. Avec ses sables mouvants et ses peurs. Avec son amour inconditionnel.

Et si eux - qui représentaient tout ce qu'il y avait de beau et de bon dans la vie – m'aimaient, alors je pouvais certainement leur faire confiance et faire de même.

 

J'ai une envie. Finir chaque post par une citation sur le voyage, car la vie en est un et il est bien connu que l'important ce n'est pas la destination, c'est le voyage ! Aux grées de mes humeurs je choisirai la phrase et l'auteur qui me sembleront le plus parlant.

 

 

« Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. »  

Nicolas Bouvier

 

 

 

14 août 2012

Mon Confident

Il fut le premier des hommes que j'aime, ceux dont je parlais la dernière fois, la pierre angulaire de ce qui allait devenir notre amitié. Dès la seconde nous nous sommes rapprochés, à la faveur d'un voyage de classe à Paris. Les ragots nous éloignèrent, les deux adolescents que nous étions à l'époque n'étant pas de taille à faire face aux insinuations les plus déroutantes. Mais l'amitié était là, sous-jacente, féroce. La Première nous lia à nouveau, timidement, avant que le décès de mon père et l'année de Terminal scelle les sentiments qui nous unissaient.

Il devint mon confident, et mon premier amour. Pendant deux années pleines nous parlâmes de sortir ensemble, sans sauter le pas, raisonnant sans comprendre ce qui nous jetait l'un contre l'autre. Nous finîmes par sortir ensemble et je sais aujourd'hui qu'il sentit bien avant moi que nos cœurs ne battaient pas cette mesure. Ce fut la séparation, mais pas la fin de notre amitié.

 

Au fil de ces années, notre amitié se développa, s'étoffa, et les soirées entre amis se terminèrent quasiment toutes de la même manière. Mon Confident me ramenait dans sa voiture chez moi et nous passions encore une heure, parfois deux ou trois, à parler, à se confier, à disséquer le monde et les émotions qui envahissaient nos vies.

Il était là, pierre solide de ma vie, tellement présent et si différent de moi ! Ses pieds sur terre me permettaient d'avoir les yeux rivés au ciel, son calme tempérait mon hyperémotivité, son rire calmait mes rages.

 

Puis il rencontra celle qui allait devenir sa femme et mon Evidence m'apprivoisa. Reste de jalousies ? Caractères si différents qu'on ne peut apprécier les autres personnes partageant nos vies ? Rien ne nous prédisposait à nous aimer tel que nous nous sommes aimés. Les terreaux dans lesquels nous prenons racines sont par trop de nature différente et c'est un pur miracle si nous avons plongé l'un dans l'autre au point d'arriver à notre essence même, à ce qui fait que par delà nos différences la graine, notre cœur, bat au même rythme.

Toujours est il qu'il n'apprécia pas mon Evidence, pas vraiment, et que je n'aimais pas sa femme. Il fallu d'autres années, à l'un comme à l'autre, pour apprivoiser ceux qui étaient devenus les centres de nos vies respectives. Et par là même, nous nous éloignâmes.

Il n'y eu plus de confidences, plus de fin de soirée passés à grelotter dans cette vieille voiture, les nuits d'hiver, plus d'heures passés au téléphones à raconter le futile et l'important.

Oh, je savais qu'il m'aimait ! Je savais que quelque part, au fond, rien ne pouvait délier ce qui nous avait liés. Quand nous nous voyions, tous les cinq, il y avaient encore ces rires partagés la douceur de nos regards, le poids des ans nous rattachant solidement l'un à l'autre. Certaines années sont des enclumes aux amis, nous avons la chance de voir les nôtres devenir des ancres.

 

Et puis il y eut cette nuit, il y a une semaine de cela. Je lui ai écris, dans l'idée de lui donner des nouvelles succinctes. Puis les vannes se sont ouvertes. Je lui ai demandé pourquoi nous nous étions éloignés et je lui ai parlé, à mon Confident, comme s'il avait été à côté de moi, comme si nous nous étions trouvés dans la voiture de notre adolescence.

Je lui ai dis que j'avais peur, même si je n'en parle pas, même si je ne mens pas quand je dis que je vais bien et que je suis heureuse. Je lui ai raconté tout ce que je ne dis pas à mon Evidence, parce que mon Evidence gère déjà notre quotidien et qu'il est le gardien de mon bonheur. Je n'ai pas envie de l'étouffer avec certaines choses, ces choses que seul mon Confident pouvait entendre.

 

La réponse n'attendit pas, quelques heures après j'avais un mail ou j'ai senti tout le désarroi de mon ami. Il me disait que la pire chose qu'il eu pu arriver, à la lecture de mon mail, eut été qu'il ne se sente plus concerné par mes problèmes, mais que ce n'était pas le cas, qu'il avait juste perdu le moyen de me le faire comprendre (ce qui, entre nous soit dit, était une moyen très efficace de me le faire comprendre, justement!). Il avait d'ailleurs été touché par le fait que j'ai pu penser, moi, qu'il ne se sentait plus concerné.

Et il me demandait s'il pouvait venir le 15 Aout, s'il pouvait passer la journée à la maison, tant pis pour les 5 heures de route qu'il allait avoir dans la journée, tant pis pour le travail qu'il délaisserait ce jour là (étant agriculteur, point de jour de repos!). Cela lui semblait être devenu prioritaire de venir me voir.

 

De quoi parlerons nous ? Trouverons nous les mots ? Il arrive demain, avec sa femme, avec sa fille, et je crois que l'important n'est même pas dans ce que nous dirons. L'important est qu'il sera là, avec son rire, avec la douceur de son regard, avec son amitié qu'il craint de ne plus savoir me faire partager alors que s'il y a une chose dont je ne doute pas, c'est justement de l'amitié que les hommes que j'aime (et donc lui!) me porte.

Je suis plus que bouleversée de voir qu'il accourt, qu'il éprouve le besoin de me voir, de renouer des liens qui s'étaient distendus sans jamais se dénouer, 'simplement' par crainte de perdre ce lien si particulier qui, dès le premier jour, a lié nos âmes l'une à l'autre.

 

 

Je me souviens de ce que mon père disait de son meilleur ami, lorsque j'étais petite. Il disait « Pierrot, je sais que je pourrais l'appeler à n'importe quelle heure, et de n'importe ou. Si je lui demande de venir, je sais que le lendemain il sera là ». Cette définition de l'amitié, toute simple, sans fioriture, et celle qui m'a toujours faite rêver. Cela a été ma ligne de mire, en matière de relation. Je VOULAIS vivre ça, je VOULAIS que mes amitiés aient cette solidité, et qu'importe qu'il faille des années pour arriver à cette définition exacte.

Voilà bien longtemps que je sais au plus profond de mon être que je possède les amis dont je rêvais, enfant, les amis dont avait su s'entourer mon père. Un appel, même en pleine nuit, même du fin fond de la France et ils seraient là.

Ce que mon Confident vient de faire, c'est exactement cela. Car même si les mots n'ont jamais été écrits dans ce mail nocturne, qu'était il d'autre qu'un appel ?

 

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18 juin 2012

Les hommes que j'aime

Je me sens bête, mais bête ! J'ai douté d'eux, alors qu'ils ne m'en ont jamais donné l'occasion. J'avais juste oublié que ce sont des hommes – des hommes que j'aime – et que le temps n'est pas forcement leur ami le plus précieux.

 

Le premier message est venu de mon Réservé. Pendant longtemps (des années?) je n'ai pas vraiment su ce qu'il ressentait pour moi. Je me suis demandé s'il ne me regardait pas avec ironie et ne tolérait ma présence que parce que j'étais liée aux trois autres. Folle ! Idiote !

Et puis il s'est ouvert et j'ai compris combien l'amitié qui nous liait, tous les cinq, lui était précieuse. Voici quelques années que je le sais, que je ne cesse de m'en émerveiller, de trouver émouvante cette affection qu'il nous porte. Parce que moi, dès le départ je l'aimais, mon Réservé !

L'amitié, sans lui, ce serait comme un désert sans oasis. Il a eu, dans son mail, cette petite phrase :

« N'hésite pas à nous dire si tu as besoin de quelque chose (c'est fait pour ça les amis!) »

Quelques mots qui mouillèrent mes yeux, me renversèrent. Mon ami, mon frère.

 

Pour me comprendre il faudrait peut être savoir combien je me suis longtemps sentie indigne d'être aimée. Je ne comprenais pas, tout simplement, qu'on puisse s'attacher à moi. Je me trouvais tellement insignifiante ! Ils sont venus à moi, m'ont aimée, férocement, et je pensais que ce cadeau m'avait été offert par erreur. Alors j'ai vécu dans la crainte du jour ou ils se rendraient compte que ce qu'ils aimaient en moi n'était qu'une illusion, ce jour ou ils se détourneraient.

Ma blessure de ces derniers jour me prouve que cette peur dont je croyais m'être débarrassée sommeille toujours quelque part, sous la surface. Il faudra que je la traque, une fois ma santé rétablie.

Parce que je suis digne de leur affection, digne de ce qu'ils voient en moi, digne de la place qu'ils m'ont fait dans leur cœur.

 

Mon Musicien a suivi, sans même savoir que mon Réservé m'avait écrit (nous envoyons d'ordinaire nos mails groupés, à tous les cinq, nouvelles éparses et petits bonheurs. Mon Réservé avait dérogé à cette règle pour me répondre, mais le Musicien a renoué avec nos traditions). Quelques mots, parfaits, me demandant de les tenir au courant et disant qu'il était de tout cœur avec moi.

Vite vite, ma Force tranquille a embrayé, avec une phrase de douce gronderie « Voyons, tu sais bien qu'on pense tous à toi pour cette épreuve ». Comment a-t-il senti mon désarroi, lui qui ne connaît pas l'existence de ce blog ?

Je sais que mon Confident se joint à eux, je ne crains plus l'absence de ses mots. Ils arriveront en temps et en heure.

 

Comme lors du décès de mon père je les sens se resserrer autour de moi, ma barrière de corail, mes piliers, protecteurs et attentifs.

A l'époque, pendant toute l'année de ma terminale, ils ont été là, dans une sorte d'évidence. Et là, à nouveau, je sens se canaliser cette force extraordinaire qui m'a déjà permis de tenir en 98.

 

Ces amis (mes hommes que j'aime et les autres …) doivent être le cadeau des fées à ma naissance. Ma chance.

15 juin 2012

A mes piliers

Je ne contiens toujours qu'une émotion à la fois et depuis ce matin c'est la colère qui gonfle, gronde, s'enracine et emplit petit à petit chaque cellule de mon être. Je l'ai sentie, en ai savouré l'odeur, la texture, l'ai vécue pleinement avant de la retranscrire ici pour désengorger le barrage avant qu'il ne cède.

 

J'ai des amis qui sont mon trésor, mon bien le plus précieux, ma force mais aussi tout à la fois ma faille. Tant qu'ils sont à mes côtés rien ne peut me toucher, m'arriver, je peux défier toutes les tempêtes. Voyez vous quelle crainte puis je avoir de tomber quand j'ai la certitude que leurs bras m'entourent ?

Qu'ils me blessent et je m'effondre, incapable de panser moi même la moindre égratignure infligée de leurs mains. Ma force, ma faille.

 

Je n'ai pas su dire à mes amis ce qui m'arrivait. J'attendais de les voir (nous vivons loin les uns des autres) et l'occasion ne s'est pas présentée. Alors je leur ai envoyé un mail, leur expliquant, parce que je n'aurai pas trouvé mes mots au téléphone.

J'ai donc parlé de la tumeur au cerveau, de l'hospitalisation qui arrivait. Je l'ai fais de manière légère, parce qu'il n'y avait pas de bonne manière de le faire. Ils me connaissent assez pour connaître ma peur. Qu'attendais je ? Une réponse n'importe laquelle, un signe d'eux, parce que l'air de rien, oui, je suis terrifiée.

Je voulais savoir qu'ils étaient là et n'importe quel mot aurait suffit pour cela. A la place, il n'y a eu que le silence. Chaque jour qui se passe sans un message voit ma colère grandir, à l'aune de mon incompréhension. Pour l'une d'entre elles tout du moins je sais qu'elle m'a lu parce que je l'ai vu poster sur facebook depuis et le message lui avait été envoyé via facebook justement (pour elle point de mail rapide, mais un long message pour parler de ce qui m'arrivait et lui expliquer en détail). Pourquoi ce silence ?

Suis je si insignifiante à leurs yeux qu'ils ne prennent même pas le temps de m'envoyer un message ? Ne sont ils pas inquiets ?

La seule qui a répondu, qui m'a rassurée, qui m'a dit de prendre soin de moi c'est mon amie d'enfance, ma sœur par l'enfance comme je me plais à l'appeler. Je ne peux pas aller à son enterrement de vie de jeune fille et, quelque part, c'est la seule dont j'aurai pu accepter une certaine rancune, parce que c'est un jour important de sa vie. Mais non, elle a été là, avec son sourire (même par téléphone), sa chaleur, le surnom qu'elle m'a donné enfant et qui, précédé du possessif « mon », n'appartient qu'à elle, son amour. Elle m'a dit que la seule chose qui importait était ma santé et je l'ai aimée si vous saviez ! Quand tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir nous ferons toutes les deux un baptême de vie de femme mariée, car après tout c'est ainsi que c'est toujours jouée notre histoire, dans l'intimité de nos regards croisés.

 

Je sais que je vois parfois tout en noir, c'est ma marque de fabrique, je survole très rapidement le gris pour passer du noir au blanc et inversement.

Mais il n'empêche si un de mes amis m'annonçait qu'il avait une tumeur au cerveau, même bénigne, je lui dirai que je suis là pour lui. Je ne m'imposerai pas, mais ma main serai là, prête à être tendue, si d'aventure il en avait besoin. Je lui dirai sans doute aussi que je l'aime, parce qu'on ne le dit jamais assez, mais je n'attends pas forcement la même chose en retour. Ces hommes que j'aime ne le disent pas, ils le montrent et je le sais.

Du moins je le savais, mais ce silence, bon sang qu'il me blesse !

Je ne sais pas encore si je dois me faire opérer, je le saurai sans doute la semaine prochaine après les trois jours d'hospitalisation. Mais cette opération je m'y prépare déjà, la redoute, parce qu'on parle du cerveau et que ce n'est pas anodin en sus des risques « habituels » d'une anesthésie quelle qu'elle soit.

Il y a, entre autres, un risque minime de devenir aveugle parce que c'est visiblement très proche du nerfs optique. De tout temps, j'ai toujours définis la vue comme le sens auquel je tenais le plus (ayant une mauvaise ouïe, j'ai toujours été une visuelle notamment pour la mémoire). Je suis une lectrice, une dessinatrice, j'aime écrire, un de mes loisirs les plus chronovore est de jouer à wow, je suis libraire. Sans mes yeux, je deviens quoi ?

 

J'ai besoin de mes amis, savoir qu'ils sont là, que je pourrai agripper à leur main si demain je suis dans le noir. J'ai besoin d'eux, encore une fois, mais vraiment, réellement, je n'ai pas choisi ma vie et la succession d'emmerdes qui leur tombe par ricochet dessus parce qu'ils ont choisis un jour de m'aimer. Sérieusement, si j'avais eu le choix, je me serai évité le décès de mon père, le cancer de ma mère, ses envies suicidaires, mon asthme, le comportement de ma sœur et j'en passe. Et des meilleurs (Allez, pour rigoler, deux autres qui me reviennent : attouchements de la part d'un cousin et grand père brûlé vif. Juste pour la bonne bouche, hein, vraiment, c'est cadeau). Vraiment, à trente ans, j'aurai réussi à vivre sans certaines de ses embûches.

Mais voilà, ça fait parti de ma vie, de cette vie qui m'a construite, que je partage donc avec eux puisqu'ils ont décidé un jour d'en faire partie. Quelque part, à leur silence, je préférerai qu'ils me disent qu'ils préfèrent s'éloigner, devenir de simples copains.

Oui, je compte énormément sur eux. Je pense leur apporter beaucoup, j'espère leur apporter beaucoup et s'ils sont mes piliers je ne m'en sers pas pour autant comme béquille. Le simple fait de savoir qu'ils sont là suffit à me faire avancer. Ne plus en avoir la certitude suffit à me faire vaciller.

 

Dois je aussi renoncer à cette certitude qui m'a aidé à donner certains coups de talons ? Puisqu'il le faut, puisque je n'ai pas vraiment le choix, je vais faire comme si je ne leur en avais pas parlé et simplement rigoler avec eux la prochaine fois que nous croiserons nos vie. J'apprécierai leur présence, leur existence, mais ne leur parlerai plus de mes tempêtes. Peu importe au final, rien n'est grave, il me reste mon Evidence.

Parfois, la vie, ça craint.

10 juin 2012

Je suis forte

J'ai toujours été chochotte. J'ai toujours été du genre à pleurer au moindre bobo, à crier sous la moindre douleur, à me désespérer à la moindre anicroche. Comme je le disais il y a peu à une amie, j'ai besoin de m'enfoncer le plus vite, le plus rapidement possible, pour toucher le fond et donner un vigoureux coup de talon. Alors je remonte comme une bulle d'air je perce la surface et je nage jusqu'à la berge.

A contrario le moindre bonheur m'envole en orbite. Mon cœur déborde et la joie électrise chaque nerf de mon corps. Voici trente ans que je vis comme ça, tant bien que mal, plutôt bien d'ailleurs. Quelque part, tout au fond, j'ai confiance en moi, en mes réactions, en ma force.

 

Il y a quelques temps, avant que j'entame les démarches pour ma maladie, j'avais pris des places pour le concert de Tryo, en ayant la certitude que l'agoraphobie ne me vaincrait pas. Entre temps j'ai appris que j'avais une tumeur bénigne au cerveau, qu'il faudrait que je me batte un peu plus encore contre mes peurs. Cela m'a repliée sur moi, pour me connecter à mes racines justement, à ma source.

Le jour dit, cependant, j'ai pris ma sœur en voiture et nous sommes parties à Gap. Butées toutes les deux nous avons attendu 4 heures devant la salle de concert et avons pu nous placer au premier rang, accrochées à la barrière. Agoraphobie ? Je n'en ai pas ressenti la moindre pointe de crainte. Bonheur ? Total, vague déferlante qui m'a figé un sourire pendant les trois heures de concert. J'ai ressenti, viscéralement, cette communion que je voulais tant ressentir et tout particulièrement lors de la dernière chanson, l'hymne de nos campagne, jouée en accoutisque (ils avaient retirés les amplis et jouaient de la guitare sèche sans micro) et chantée par toute la salle.

Hasard ou pas nous étions à deux mètres du micro de Manu (celui qui ressemble tant à mon Evidence ) et j'ai passé une bonne partie de la soirée à regarder ses mains nerveuses courir sur les cordes et ses cheveux si beaux, si longs, suivre chacun de ses mouvements. N'étant pas expansive par nature je n'ai pas hurlé à chaque fin de morceau. J'ai applaudi souris, dansé, souris encore. Chance du premier rang j'ai pu croiser chacun de leurs regards, à plusieurs reprises pour Mali et Manu et leur sourire, encore davantage. J'ai reçu un sourire en retour, parfois, et voguent les chansons. Sur « ce que l'on s'aime », la main de ma sœur s'est glissé dans la mienne, comme une évidence. Et puis l'un de leurs nouveaux morceaux m'a figée : Ladilafé, qu'ils ont écrit pour une amie se battant contre la maladie.

Coup de talon.

Je l'ai reçu en plein, l'ai pris comme une signe, une force nouvelle.

S'agripper au bonheur, coûte que coûte, même en pleine tempête, n'est ce pas ce qui nous ramène à bon port, au final ?

 

Le surlendemain nous fêtions le 60 ans de la mère de mon Evidence. C'était une petite fête en famille, une de ces après midi de printemps, dans le Sud, ou le soleil caresse les peaux et sublime mes sourires.

Tout d'un coup je me rappelle mon cher Petit Prince qui trouve que ce qui est beau, dans le désert, c'est la certitude qu'il existe un puits quelque part. Cet après midi là, c'était le bruit de la poulie qui chante alors que le seau contenant l'eau remonte au bout de la corde.

Nous sommes rentrés à la maison cette nuit, sommes arrivés crevés mais heureux à une heure du matin après des heures de voiture sur les petites routes de montagne. Rentrer « chez soi » c'est toujours apaisant, non ? Et dans cette maison, je suis indubitablement chez moi.

 

Et tout à l'heure, une fois encore, j'ai bu cette eau si précieuse. Ai je déjà dis combien j'aime faire l'amour ? En ce moment de ma vie où mon corps tente de se faire mon ennemi j'ai encore plus besoin qu'on le caresse, qu'on l'apprivoise, qu'on l'aime. J'ai besoin de voir le désir que j'inspire, de me sentir féline, vibrante, d'éprouver la bourrasque violente de l'orgasme.

Je dormais donc cet après midi, épuisée par ces derniers jours. Et il est arrivé, s'est coulé sous les draps et je n'ai plus eu qu'à me glisser contre lui, contre ce corps que je connais par cœur, dans le demi sommeil qui me nimbait encore. Le parfum de ses cheveux longs contre mon visage, la douceur de ses mains, de ses lèvres, sa tendresse m'ont emportée et ramenée, encore, à ma source.

Je suis désaltérée et forte de toute la puissance d'amour emmagasinée cette semaine, puissante et stable. Centrée.

 

Il est temps de m'ouvrir à nouveau aux êtres qui composent mon monde, qui emplissent d'eau, je le sais, mon puits intérieur.

29 avril 2012

Comme une fée

J'ai toujours eu l'impression d'être un vase trop petit. Toutes les émotions débordent de moi, que ce soit la tristesse, la joie, l'amour ou la peur. Elles m'envahissent, me submergent, me noient. Ce soir, c'est la peur qui a prit ses quartiers dans mon corps. A l'écrire, en fait, je dois être une fée, puisque j'ai exactement cette monomanie du sentiment qu'exprimait James Barrie

Pour lui les fées sont tellement petites qu'elles n'ont de la place que pour un sentiment à la fois.

Et bien me voici décrite.

Il y a quelques temps, j'ai parlé à une belle dame qui se reconnaîtra. Sans doute était ce le moment, sans doute cela a-t-il déclenché quelque chose en moi. Car il faut savoir aussi que j'ai une vraie phobie des médecins. La seule idée de prendre rendez vous me rend malade. Or j'ai pris un premier rendez vous, fait des analyses de sang qui ont « prouvé » que j'étais bien malade. Et que, pour l'instant, je suis complètement stérile. Les analyses sont telles qu'il m'envoie chez un spécialiste, parce que ça semble compliqué. Dans les possibilités il m'a parlé d'une tumeur au cerveau, ou au rein. Une tumeur bénine, hein! Mais tumeur tout de même. Il y a aussi la possibilité que ça ne soit pas du tout ça.

Il n'empêche. J'ai peur.

Ce grand spécialiste, je le vois demain matin. Et j'ai peur !

 

Bon sang, la tête me tourne, je tremble, j'ai envie tout à la fois d'éclater en sanglots et de me terrer dans un trou. J'ai une boule au ventre, l'envie de vomir, j'ai froid et chaud tout à la fois. Vous ai je parlé de ces émotions trop grandes pour moi ?

Je ne suis pas certaine d'arriver à rentrer dans le bureau de ce grand spécialiste. Je me sais capable de faire demi tour devant la porte. Ou de me lever et de partir si durant la consultation il me fait peur. Je ne suis pas certaine d'être capable de me déshabiller s'il me le demande. Et j'ai un besoin viscérale de garder cette possibilité du choix. Si je suis OBLIGEE d'y aller, si je n'ai pas cette soupape de sécurité, je ne sais pas ce que je ferai.

Et quelque part, sous la peur, je sais qu'il y a la colère. Je sais qu'une partie de moi à envie de hurler de dire que bordel de merde, qu'est ce que j'ai bien pu faire dans une vie passée pour qu'on s'acharne sur moi de la sorte. 5 ans que je m'en prends plein la gueule. Et dès que je pense sortir la tête de l'eau je bois à nouveau la tasse.

Je pense vraiment qu'il ne faut pas que je laisse cette émotion prendre toute la place en moi. Trop dangereuse.

 

Belle dame, je m'excuse donc de mon silence depuis ton arrivée près de chez moi. Je me débat avec mes peurs et j'ai besoin de me recentrer, trouver un équilibre et la force d'aller jusqu'au bout de ma démarche.

Ce qui est triste, c'est que je ne crois même pas qu'on me soignera, parce que je n'ai pas confiance dans ces médecins qui me font si peur. Avec un peu de chance je saurai ce qui déconne en moi et ce n'est déjà pas si mal, hein ?:)

31 mars 2012

Croire

Je suis née d'une famille catholique non pratiquante. J'ai été baptisée et suivi mon catéchisme et ai passé ma première communion. Je me souviens avoir prié, petite, avec tout l'espoir de mon enfance. Un jour je n'ai plus cru. Pourquoi, comment ? Je savais que cette religion n'était pas la mienne, que je ne me reconnaissais pas dans ce dieu qu'on disait tour à tour miséricordieux et sévère. L'enfer et le paradis ne me parlaient pas et j'ai poursuivi mon chemin dans la vie avec cette seule certitude : s'il existait là haut, il comprendrait qu'avec si peu de signes j'ai perdu la foi. S'il existait je ne voulais penser a lui que comme un être d'amour qui m’accueillerai malgré mes errances. S'il était du genre à punir et bien je faisais bien de ne pas croire en lui, puisque je n'aurai pas aimé qui il était.

 

Alors j'ai cheminé en solitaire, m'éloignant des religions et des croyants. Je voyais bien cette faille en moi, ce désir de croire, mais ce désir qui ne trouvait nul part ou s'accrocher. J'enviais les croyants, qui avaient toujours une ultime planche de salut, qui s'intégrait à une grande famille ou puiser espoir et soutiens. Mais leurs croyances ne raisonnaient pas en moi. Je crains l'intégrisme religieux, quel qu'il soit, ces dogmes qui me diraient ce que j'ai droit ou pas de faire.

Cet été, au Sri Lanka, je me suis plus sentie proche des Bouddhistes que d'aucune religion avant celle ci. Peut être est ce du au fait qu'on ne parle pas vraiment d'une religion mais plus d'une philosophie de vie, d'une spiritualité qui apaisait quelque chose en moi. J'ai trouvé une source, moi l'assoiffée, et j'y ai bu tout en sachant que cette oasis n'était pas la mienne. Je ne suis pas bouddhiste, mais ma manière de vivre se rapproche de leurs préceptes. Celle que je voudrai être, celle que je construis, entre en raisonnance avec bien des aspects de leurs croyances.

 

Je poursuis donc mon chemin et peut être suis je en train de trouver ce en quoi je crois. Je m'en approche doucement, me documente, vibre de ce que je lis et en quoi je crois sans même y penser depuis des années.

Sans doute ne serais je jamais vraiment pratiquante, je n'ai pas la rigueur d'esprit m'y prédisposant. Mais peut être vais je me revendiquer, un jour, de cette religion. l'Amour, l'attention à l'autre, la douceur d'être, le respect du vivant sont des choses en quoi je crois. Peut être suis je en train de redécouvrir le pilier manquant à ma construction, ce pilier qui finirait de stabiliser ce que j'ai construit.

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