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Aux quatre vents
30 novembre 2012

Voyages interieurs

machu-picchu-05

 

J'ai beau chercher, je crois que rarement je me suis sentie aussi heureuse, aussi centrée. Certes, je suis en phase de repli, j'en ai conscience, mais ma chrysalide me permet de me transformer, encore et encore, de tendre vers celle que je saurai être, un jour.

Dans la journée, je dessine. Mon Evidence m' a offert un chevalet pour mon anniversaire, ainsi que des toiles. Il s'est rappelé de ce souhait, soufflé à mi voix il y a quelques années lorsque avoir une maison n'était qu'un rêve lointain. Je lui avais dis que, si j'avais la place, dans une maison, il me faudrait une chevalet. Je l'ai.

J'ai donc entamé une toile, qui risque de m'occuper plusieurs semaines. Je croque, je détaille, je m’émerveille de cette facilité qu'ont mes mains à retranscrire mille et un détail, elles qui savent être si maladroites dans la vie de tous les jours. Je lis aussi. Je bois du thé au coin du feu, alors que nous conversons sur l'important et l'essentiel. Ces temps ci je m'interroge sur mes croyances, mes non croyances, sur ce manque qui me met en colère moi qui ne crois pas aux dieux des hommes. Nous nous centrons sur les deux émotions racines, la peur et l'amour.

Mes peurs me bloquent, entraînent ma colère, m'empêchent d'avancer. Elles handicapent ma vie quotidienne et m'obligent à me battre pour me réaliser. Ce combat est fatiguant souvent et ne devrait pas avoir lieu d'être. L'amour, lui, me centre.

Nous faisons l'amour, aussi, souvent. Ses rires, ses sourires, ses caresses et sa tendresse me rendent intensément vivante, et désirable.

 

J'ai une tumeur importante sur une surrénale.

Pendant longtemps je me suis débattue contre lui, lui reprochant de ne pas me montrer qu'il avait peur pour moi. Je me suis rendue compte hier que je ne voulais pas de sa peur, qu'elle ne m'apporterait rien à moi qui ne vois pas en quoi la compassion ou la pitié pourraient m'aider. Derrière sa peur, ce que je cherchais, c'était un témoignage de son amour, un témoignage finalement malsain parce que je le voulais malheureux pour voir qu'il m'aimait.

Or, mon Evidence ne fonctionne pas comme ça. Il ne veut pas m'envoyer de la peur, qui pèserait sur mes épaules. Il m'envoie de la confiance. Il m'envoie sa présence constante, il dépasse ses propres peurs pour m'accompagner lors des examens, pour écouter les médecins parler de l'opération alors que la simple évocation d'une prise de sang suffit parfois à entraîner un malaise chez lui.

 

En janvier je me ferai opérer. Le chirurgien m'a dit que l'étude des tumeurs des surrénales, même sous microscope, ne permet en général pas de savoir si celles ci sont cancéreuses ou pas. Ma tumeur peut donc l'être. Ou pas. Il n'y a pour le moment pas de métastase, elle est encapsulée et n'envahit rien autour, l'opération permettra donc de la retirer totalement. Je serai ensuite suivie régulièrement, pendant trois ans. Si durant cette période je ne développe rien, c'est que la tumeur était bénigne.

 

J'ai confiance en mon corps, qui a filtré les symptômes pour m'avertir tout en me préservant des affectations les plus graves qu'auraient pu provoquer mes hormones déréglées (notamment le diabète, l'hypertension et l'affinement de mes vaisseaux sanguins).

J'ai la certitude absolue de ne pas être affectée par ce foutu crabe. Et grâce à mon Evidence, je ne me sens pas comme une malade, mais comme une femme désirable (bien que mes hormones en folies aient bien abîmé mon corps, mais tout rentrera dans l'ordre une fois l'opération effectuée)

 

Alors oui, je suis heureuse et je me sens chanceuse.

Nous parlons du voyage que nous ferons lorsque je serai rétablie ; au printemps prochain, ou au plus tard en été, nous serons au Pérou ! Je verrai El Machu Picchu, auquel je rêve depuis la classe de première.

Puis nous achèterons notre maison, enfin.

 

J'ai eu une phase de colère, je l'avoue en me disant « pourquoi moi ? J'ai pas assez morflé bordel ? » Et bien j'imagine qu'il me fallait cette souffrance pour avancer et, comme je le disais au départ, me centrer.

Je préfère à présent voir la partie pleine du verre et les chances qui me sont offertes, plutôt qu'être envieuse envers ce que je n'ai pas.

 

 

 

« Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. »

Lamartine

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