Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aux quatre vents
15 juin 2012

A mes piliers

Je ne contiens toujours qu'une émotion à la fois et depuis ce matin c'est la colère qui gonfle, gronde, s'enracine et emplit petit à petit chaque cellule de mon être. Je l'ai sentie, en ai savouré l'odeur, la texture, l'ai vécue pleinement avant de la retranscrire ici pour désengorger le barrage avant qu'il ne cède.

 

J'ai des amis qui sont mon trésor, mon bien le plus précieux, ma force mais aussi tout à la fois ma faille. Tant qu'ils sont à mes côtés rien ne peut me toucher, m'arriver, je peux défier toutes les tempêtes. Voyez vous quelle crainte puis je avoir de tomber quand j'ai la certitude que leurs bras m'entourent ?

Qu'ils me blessent et je m'effondre, incapable de panser moi même la moindre égratignure infligée de leurs mains. Ma force, ma faille.

 

Je n'ai pas su dire à mes amis ce qui m'arrivait. J'attendais de les voir (nous vivons loin les uns des autres) et l'occasion ne s'est pas présentée. Alors je leur ai envoyé un mail, leur expliquant, parce que je n'aurai pas trouvé mes mots au téléphone.

J'ai donc parlé de la tumeur au cerveau, de l'hospitalisation qui arrivait. Je l'ai fais de manière légère, parce qu'il n'y avait pas de bonne manière de le faire. Ils me connaissent assez pour connaître ma peur. Qu'attendais je ? Une réponse n'importe laquelle, un signe d'eux, parce que l'air de rien, oui, je suis terrifiée.

Je voulais savoir qu'ils étaient là et n'importe quel mot aurait suffit pour cela. A la place, il n'y a eu que le silence. Chaque jour qui se passe sans un message voit ma colère grandir, à l'aune de mon incompréhension. Pour l'une d'entre elles tout du moins je sais qu'elle m'a lu parce que je l'ai vu poster sur facebook depuis et le message lui avait été envoyé via facebook justement (pour elle point de mail rapide, mais un long message pour parler de ce qui m'arrivait et lui expliquer en détail). Pourquoi ce silence ?

Suis je si insignifiante à leurs yeux qu'ils ne prennent même pas le temps de m'envoyer un message ? Ne sont ils pas inquiets ?

La seule qui a répondu, qui m'a rassurée, qui m'a dit de prendre soin de moi c'est mon amie d'enfance, ma sœur par l'enfance comme je me plais à l'appeler. Je ne peux pas aller à son enterrement de vie de jeune fille et, quelque part, c'est la seule dont j'aurai pu accepter une certaine rancune, parce que c'est un jour important de sa vie. Mais non, elle a été là, avec son sourire (même par téléphone), sa chaleur, le surnom qu'elle m'a donné enfant et qui, précédé du possessif « mon », n'appartient qu'à elle, son amour. Elle m'a dit que la seule chose qui importait était ma santé et je l'ai aimée si vous saviez ! Quand tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir nous ferons toutes les deux un baptême de vie de femme mariée, car après tout c'est ainsi que c'est toujours jouée notre histoire, dans l'intimité de nos regards croisés.

 

Je sais que je vois parfois tout en noir, c'est ma marque de fabrique, je survole très rapidement le gris pour passer du noir au blanc et inversement.

Mais il n'empêche si un de mes amis m'annonçait qu'il avait une tumeur au cerveau, même bénigne, je lui dirai que je suis là pour lui. Je ne m'imposerai pas, mais ma main serai là, prête à être tendue, si d'aventure il en avait besoin. Je lui dirai sans doute aussi que je l'aime, parce qu'on ne le dit jamais assez, mais je n'attends pas forcement la même chose en retour. Ces hommes que j'aime ne le disent pas, ils le montrent et je le sais.

Du moins je le savais, mais ce silence, bon sang qu'il me blesse !

Je ne sais pas encore si je dois me faire opérer, je le saurai sans doute la semaine prochaine après les trois jours d'hospitalisation. Mais cette opération je m'y prépare déjà, la redoute, parce qu'on parle du cerveau et que ce n'est pas anodin en sus des risques « habituels » d'une anesthésie quelle qu'elle soit.

Il y a, entre autres, un risque minime de devenir aveugle parce que c'est visiblement très proche du nerfs optique. De tout temps, j'ai toujours définis la vue comme le sens auquel je tenais le plus (ayant une mauvaise ouïe, j'ai toujours été une visuelle notamment pour la mémoire). Je suis une lectrice, une dessinatrice, j'aime écrire, un de mes loisirs les plus chronovore est de jouer à wow, je suis libraire. Sans mes yeux, je deviens quoi ?

 

J'ai besoin de mes amis, savoir qu'ils sont là, que je pourrai agripper à leur main si demain je suis dans le noir. J'ai besoin d'eux, encore une fois, mais vraiment, réellement, je n'ai pas choisi ma vie et la succession d'emmerdes qui leur tombe par ricochet dessus parce qu'ils ont choisis un jour de m'aimer. Sérieusement, si j'avais eu le choix, je me serai évité le décès de mon père, le cancer de ma mère, ses envies suicidaires, mon asthme, le comportement de ma sœur et j'en passe. Et des meilleurs (Allez, pour rigoler, deux autres qui me reviennent : attouchements de la part d'un cousin et grand père brûlé vif. Juste pour la bonne bouche, hein, vraiment, c'est cadeau). Vraiment, à trente ans, j'aurai réussi à vivre sans certaines de ses embûches.

Mais voilà, ça fait parti de ma vie, de cette vie qui m'a construite, que je partage donc avec eux puisqu'ils ont décidé un jour d'en faire partie. Quelque part, à leur silence, je préférerai qu'ils me disent qu'ils préfèrent s'éloigner, devenir de simples copains.

Oui, je compte énormément sur eux. Je pense leur apporter beaucoup, j'espère leur apporter beaucoup et s'ils sont mes piliers je ne m'en sers pas pour autant comme béquille. Le simple fait de savoir qu'ils sont là suffit à me faire avancer. Ne plus en avoir la certitude suffit à me faire vaciller.

 

Dois je aussi renoncer à cette certitude qui m'a aidé à donner certains coups de talons ? Puisqu'il le faut, puisque je n'ai pas vraiment le choix, je vais faire comme si je ne leur en avais pas parlé et simplement rigoler avec eux la prochaine fois que nous croiserons nos vie. J'apprécierai leur présence, leur existence, mais ne leur parlerai plus de mes tempêtes. Peu importe au final, rien n'est grave, il me reste mon Evidence.

Parfois, la vie, ça craint.

Publicité
Publicité
Commentaires
Aux quatre vents
Publicité
Archives
Publicité