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Aux quatre vents
9 mars 2012

En osmose

 

S'il y a quelque chose que j'ai bien appris à mes dépends, c'est que je suis agoraphobe. Mes amis aussi le savent et je pense qu'ils n'oublieront pas la fois ou ils m'ont perdue en plein salon de l'agriculture. Ayant eu la présence d'esprit de m'appeler, ils ont recueilli des informations précieuses pour me localiser. Prostrée dans un coin je leur avais gentiment expliqué ce que je voyais autour de moi. Bouger ? J'en étais incapable.

Donc ils se sont démerdés pour me trouver, avec pour toute indication le nom de deux trois stands. Autant vous dire qu'on est sortis fissa du bousin, après. Heureusement j'ai des amis formidables, sinon j'y serai toujours …

Donc ceci est posé. Je suis agoraphobe. Et cependant je vibre quand je vois un concert. J'aime cette communion qui se dégage des hommes à ce moment là. J'aime cette osmose, ce bonheur qui s'élève, cette joie sauvage. Mais j'ai peur des hommes, de leurs odeurs, de leur brutalité involontaire quand ils sont en groupe, de cette impossibilité de m'échapper que j'ai alors. Comme je ne fais jamais rien à moitié, la seule fois ou je suis allée voir un concert c'était pour les Vieilles Charrues. Je vous parle de la crise d'agoraphobie qui m'a tétanisée en plein concert de Renaud ? C'était un vendredi. Le samedi nous avons zappé la journée pour aller sur l'île de Batz. Je me suis ressourcée, seule, face à la mer et noyée dans les embruns salés. Nous étions de retour le dimanche, juste à temps pour découvrir ce qui restera mon meilleur souvenir, Bénabar. Je vous ai déjà dis que j'ai des amis formidables ? Parce que mon ami, justement, ne m'a jamais reproché cette journée " perdue ". Elle reste pour moi la plus belle de ces trois journées. Je crois que j'aimerai être insulaire …

 

Il y a quelques jours je voguais sur Youtube, regardant des extraits de concerts de certains groupes que j'affectionne. Les Ogres de Barback, comme souvent, revenaient en boucle et je suis tombée sur un concert qu'ils avaient fait avec Tryo.

Tryo j'en ai le souvenir agréable des mes années de prépa quand j'allais chez des amies qui avaient le premier CD de ce groupe. J'aimais choisir ce CD dans la pile, ils avaient un son qui me plaisait. Puis le temps est passé, j'ai oublié.

Il y a quelques jours donc, j'ai eu une première claque visuelle. N'était ce pas mon Evidence sur scène ? La même frêle apparence, les mêmes cheveux longs, bruns, attachés sous la nuque, le même visage fin, le même bouc, le même style vestimentaire, les mêmes mains nerveuses, le même chapeau … Ah non, c'est Manu Eveno, guitariste de Tryo. Intriguée je suis allée voir d'autres vidéos, d'autres concerts. Le passé me revenait en vagues sur certains airs et puis la seconde claque vint me cueillir, tout en douceur. Je ressentais chaque musique, j'étais en accord, à l'unisson de ce qu'ils disaient. C'est assez rare pour être noté. Si j'aime l'osmose qui se dégage des concerts, je ne suis que très peu musique, une mauvaise ouïe m'empêchant de l'apprécier totalement.

Mais Tryo … Oui, j'adhérais … J'aime leur engagement auprès de greenpeace, leurs idéaux, leur besoin viscéral de voir changer les choses. Est ce vraiment un hasard ? Comme justement je l'exposais dans mon dernier billets, je vois bien que je me dirige dans ce chemin justement. A mon niveau, à mon rythme, mais un retour à la nature s'impose doucement dans ma vie.

 

Avant même d'y réfléchir, j'ai donc téléphoné à ma soeur. Quelques questions ont été posées. Connaissait elle Tryo ? Aimait elle ? Voulait elle partager ce moment avec moi ? Un jour, je parlerai de ma soeur, et de ma joie féroce de l'avoir retrouvée après des années d'éloignement. Elle est comme moi, ma soeur, ce sera son premier concert …

Avant d'avoir peur, j'ai pris nos places. J'ai cependant écumé le net pour trouver la taille des salles ou nous pouvions les voir facilement. J'ai pris la plus petite, pour un concert intimiste, pour ne pas avoir peur.

 

Et vous savez quoi ? J'ai la certitude absolue que ce soir là je ressentirai la force d'une foule en communion sans me sentir submergée, enfermée, en danger.

 

 

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